Il est connu de tous que le continent africain passe pour l’un des plus pauvres au monde. Cette situation est la résultante de plusieurs facteurs. Le retard de l’Afrique en termes de développement serait, selon nombre d’africains, la conséquence de plusieurs siècles d’esclavage et une colonisation déshumanisante que lui a imposée l’occident.
En effet, lors de la grande révolution industrielle, alors que l’Occident prenait son envol, l’Afrique se voyait vidée, à un rythme vertigineux, de ses principales richesses et de ses ressources humaines (principal facteur de tout développement). Tout ceci constitue sans conteste l’une des pires blessures que l’on puisse infliger à un peuple.
Toutes ces choses, nul ne les ignore. Toutefois, que l’on ne se méprenne pas sur le but de l’Histoire. La connaissance de notre histoire, loin de nous donner une raison de nous plaindre indéfiniment de faits et événements passés auxquels nous ne changeront jamais rien, nous offre une perspective. Elle nous offre une chance inespérée de donner le meilleur de nous-mêmes afin d’effacer les frustrations de ce triste passé. Cela demande des efforts tant aux niveaux politique, social, économique qu’humain. Pourtant le constat qui est fait est que plusieurs africains se contentent de condamner les autres au lieu de prendre leurs responsabilités et entreprendre de secouer le joug de la pauvreté, de la misère, de la dépendance politico-économique qui les condamne à la mendicité.
L’Afrique a souffert ; et sa souffrance continue. Hier l’occident était notre bourreau. Maintenant, qui allons-nous accuser? De toute évidence, nous sommes les premiers responsables de nos malheurs. BERNARD DADIE disait : le travail, et après le travail l’indépendance. L’Histoire en effet nous démontre assez clairement que toutes les civilisations qui ont souffert la colonisation, soit ont sombré dans l’oubli, soit ont lutté pour s’en affranchir. Notre continent se trouve aujourd’hui face à ce même défi.
Avec un sol et un sous-sol riches, une population à majorité jeune l’Afrique dispose de plusieurs atouts favorables à son développement. Si toutes les conditions sont réunies, alors où avons-nous échoué ?
Un Etat souverain est un Etat libre, muni d’une constitution qui ne lui a pas été imposée. C’est aussi un Etat libre de choisir ses partenaires et les types de relation qu’il entend entretenir avec ceux-ci. Autrement, il n’est pas libre ; ou alors, il s’est corrompu. En réalité, cette liberté s’acquiert et se protège : une liberté octroyée finit par se perdre. C’est pour cela que les dirigeants africains gagneraient à prioriser l’intérêt de leurs différents peuples et mener des politiques qui aillent dans ce sens. De cette façon, les africains pourraient espérer une chance de s’affranchir du néocolonialisme qui les maintient sous la botte de l’Occident.
La population africaine est majoritairement jeune. Cela peut constituer un atout ou un danger selon ce qu’on en fait. En Côte d’Ivoire par exemple, le fait d’avoir rendu l’école obligatoire est à saluer dans la mesure où cela devrait contribuer à réduire le taux d’analphabétisme. Mais qu’en est-il du problème de l’emploi et du niveau de vie des citoyens?
Premièrement, l’Etat ne produit pas d’argent. Il se charge tout simplement de l’utiliser et de le redistribuer.
Deuxièmement, la fonction publique ne peut absorber tous les diplômés(les sans emploi qui sortent chaque année par milliers de nos écoles et universités) et les chômeurs. Car l’Etat ne dispose pas d’assez de moyens pour créer des entreprises pour tous les embaucher. C’est pour cela que nous suggérons comme issue, l’auto emploi, l’entrepreneuriat. Mais il ne suffit pas de motiver à l’entrepreneuriat ; il faudrait plutôt poser des actions concrètes.
D’abord, la jeunesse doit apprendre que comme le disait Pablo Escobar : on ne devient pas riche en travaillant pour les gens. La connaissance de cette réalité stimulera en eux l’envie de se prendre en charge et de ne dépendre de personne. Mais tout ceci passera par une large campagne de sensibilisation.
Ensuite, les leaders politiques doivent inculquer la culture du « business » aux jeunes en incluant l’entrepreneuriat dans les différents modules d’enseignement dans nos systèmes éducatifs. La jeunesse africaine a besoin de comprendre que la « bureaucratie » ne résoudra jamais leur problème.
Enfin, si nous voulons éradiquer ce problème définitivement, nous devons donner aux jeunes les moyens de se prendre en charge. Il faut réaliser que le développement d’un pays ne se mesure pas qu’aux infrastructures qui ont plus le don d’attirer l’attention que d’améliorer le niveau de vie des populations. Il faut aider les porteurs de projets à les réaliser. Il faut créer un environnement socio-économique favorable aux affaires. De cette façon on donne la garantie aux investisseurs locaux qu’ils ne risquent rien à vouloir prendre part au développement de leur pays.
Troisièmement, si nous voulons être réellement libres, nous devons nous engager dans des partenariats gagnant-gagnant avec les investisseurs étrangers. Pour ce faire, nous devons mettre sur la table, des choses qu’ils n’ont pas et poser des conditions qui militent en notre faveur. Quoi qu’il en soit, nous devons nous rendre à l’évidence et comprendre que ceux qui nous ont volé notre liberté ne viendront jamais nous la rendre sur un plateau d’or. Il nous revient de l’arracher.
Il y a des années en arrière, les ressources de l’Afrique lui étaient prises de force. Aujourd’hui, elles sont cédées par les mêmes africains qui manifestement refusent leur indépendance, la vraie liberté à laquelle croyaient Thomas SANKARA, Patrice LUMUMBA, KADHAFI; cette même liberté en laquelle continuent de croire , Paul Kagame , Nana Akufo-Addo , Idriss DEBY, Laurent GBAGBO, etc. Liberté à laquelle se refusent malheureusement certains guides corrompus qui tiennent avec brio leur rôle de marionnette de l’Occident .
KOFFI KOUASSI ALAIN REGIS , auteur de "Brillant échec "
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