J'ai suivi une discussion qui nécessite un rappel.
Chers frères et soeurs ivoiriens , selon la définition de l'onu , un immigré est une personne étrangère, née à l'étranger, qui réside pour un an ou plus dans un pays donné .
Les " immigrés " n'occupent pas la place de qui que ce soit en Côte d'Ivoire.
Quand ceux que vous appelez étrangers viennent , ils s'autoemploient au travers des petits jobs comme vendeurs de tempico , pomme , l'eau , wotrotigui , agriculteurs, éleveurs, ... Ces jobs que ceux qui se disent ivoiriens ne font pas .
En revanche , l'élément qui donne l'impression qu'il y'a ce que certains pensent , ce sont les discours médiatiques et politiques.
La migration est extrêmement politisée dans les débats publics en Côte d'Ivoire.
Les gens ne tiennent plus compte de la réalité à cause de l'émotion.
Pendant que certains croient que ce sont les "étrangers " qui sont à la base de leurs malheurs , d'autres les accusent d'être riches dans un pays qui n'est pas le leur .
En voyant ainsi les choses , on se fait une mauvaise idée de ce qui se passe , et introduit la confusion dans le débat public .
Ne confondons pas les choses. Ces gens dont vous parlez ne sont pas des immigrés, mais peut être des descendants des immigrés.
Il y'a des immigrés de nationalité étrangère qui ont acquis la nationalité ivoirienne selon la loi .
On peut être ivoirien et immigré. Il y'a une grande partie de la population ivoirienne qui a un parent qui est lui même immigré.
Souvent quand on voit toutes ces personnes , on a l'idée qu'il y'a beaucoup d'immigrés qui prennent la place des nationaux en Côte d'Ivoire aujourd'hui.
C'est faux statistiquement , mais ce qui est vrai , c'est qu'il y'a une diversité accrue dans notre société.
Loin d'être un problème, cette diversité devrait être une opportunité, afin de bâtir une nation forte .
C'est l'association des ingrédients qui donne un bon goût à la sauce , même si ça dépend des cuisiniers.
Ce sujet est à traiter avec beaucoup de précautions. Les politiques l'utilisent pour juste faire plaisir à l'opinion publique.
Il est important de rappeler que ce sujet ne peut plus être traité de la même façon que les années 70 . Pendant très longtemps , on a eu une image assez claire de l'origine de certaines personnes : on pouvait parler des burkinabé, malien , dahoméen , guinéen... On avait l'impression d'être dans un pays où les acteurs étaient bien identifiés. On pouvait se baser sur le nom , le visage , la langue , la manière de vivre pour identifier l'origine d'une personne .
Aujourd'hui , comme dans de nombreux pays du monde , on a l'impression que tout le monde vient du même père et de la même mère. Qui ose dire que Diallo est un Guinéen ? Qui peut dire que tous ceux qui ont des balafres sont des burkinabé? Qui est capable de deviner que tous les boutiquiers sont des peuhls de la Guinée ?
Ce n'est plus net pour une raison simple , C'est que ceux qu'on appelait " étrangers " avant , ont épousé en majorité des "ivoiriens " . Ces ivoiriens ont eu des enfants avec eux . Ce mélange peut être designé parfois comme ivoirien, parfois comme étranger .
Des gens sont venus au pays depuis des années . Ils sont assimilés culturellement. Ils s'identifient plus à la culture ivoirienne qu'à celle de leur pays d'origine . Je connais des peuhls au nord de la Côte d'Ivoire. Ils parlent le malinké plus que certains de nos parents . Nous avons des jeunes liberiens qui maîtrisent la culture Krou plus que ceux de là bas .
En plus certains ivoiriens de " souche " ont des parents dans tous les pays que vous avez présentés sur la Carte .
Voulez vous qu'ils abandonnent leurs parents ? Non . C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on parle de l'union africaine.
On ne peut pas parler de l'union africaine et traiter les autres africains d'étrangers chez nous .
Nous sommes en train , avec ce mécanisme là, de nous créer de sérieux problèmes.
C'est un paradoxe de dire aux gens que nous sommes les mêmes et quand les gens viennent chez nous , ils n'ont pas de place autant .
Nous avons tous été humains avant d'être ivoiriens .
Il faut mettre en place une politique permettant à tous ceux qui viennent, de vivre dans la cohésion sociale , afin que chacun contribue à la construction d'une société forte comme l'a fait le père Felix HOUPHOUËT BOIGNY.
D'ailleurs, nous sommes tous des étrangers, de la naissance jusqu'à la fin du monde en passant par les mouvements migratoires depuis l'Egypte.
Comme des travaux de Cheick Anta Diop, certaines saintes écritures témoignent cette réalité.
Dans la bible , on peut lire : " Vous êtes étrangers et voyageurs sur la terre . " 1 Pierre 2V11 . Le fait de se reconnaître comme " étranger et voyageur " aide à comprendre les besoins de ceux qui le vivent : " Vous savez ce qu'éprouve l'étranger car vous avez été vous-mêmes étrangers en Égypte " Ex23V9 . " vous traiterez l'étranger venu s'installer dans votre pays comme s'il était l'un des vôtres. Tu l'aimeras comme toi-même: car vous avez été vous-mêmes étrangers en Égypte. Je suis l'éternel votre Dieu " ( Lév19v34 ) " Vous aimerez l'étranger parmi vous , car vous avez été étrangers en Égypte " ( Dt10v19)
Et aux corinthiens qui s'enorgueillissaient , Paul a dit ceci :" Que personne ne s'enfle d'orgueil . Qu'as-tu qui ne t'ait été donné ? Et puisqu'on t'a tout donné , pourquoi t'en vanter comme si tu ne l'avais pas reçu? " ( 1 Co4v6-7) .
Loin d'être une source de destruction sociale , la migration est une source de richesses .
C'est sa méconnaissance qui peut détruire la société.
Débarrassons-nous de ces stéréotypes que des gens utilisent pour nous diviser . Changeons de mentalités .
Ne nous trompons pas d'adversaire.
Nos places sont confisquées par ceux qui malgré le cumul de postes dans les administrations publiques utilisent des stratégies pour nous asphyxier .
#Source : https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=2954581831343847&id=100003761782393&mibextid=RtaFA8
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