" L’édification de la société nouvelle entreprise depuis le 4 août 1983 impose la transformation radicale et totale de l’école en un instrument au service des aspirations profondes des masses populaires, tant il est vrai que l’école est le reflet de la société.
l’actuelle école néocoloniale burkinabè est un instrument d’aliénation culturelle et d’asservissement intellectuel de notre peuple. Cette école néocoloniale comporte essentiellement les tares suivantes
- Sa sélectivité et son caractère anti-démocratique, l’école néocoloniale au lieu d’atténuer les inégalités sociales, les a plutôt accentuées [..] À ces inégalités régionales criardes s’ajoute une sélectivité sauvage et impitoyable.
-Sa nature de classe, de domination et d’exploitation. l’éducation donnée dans cette école est contraire aux nobles traditions humanitaires de solidarité communautaire de nos ancêtres. Cette école forme des individus mus par une recherche forcenée du profit individuel, égoïste, au détriment de celui de la collectivité.
-Son caractère aliénant et acculturant. Les contenus des enseignements ne renvoient à aucune réalité burkinabè. Ils restent théoriques, abstraits aux réalités nationales et cultivent chez l’élève le goût pour le travail bureaucratique et le mépris pour le travail manuel productif. Ce qui conduit à une distorsion permanente entre l’école et la société.
- son inadaptation au marché du travail. Pays traditionnellement agro-pastoral, le contenu de l’enseignement devrait conduire le sortant du système à acquérir des connaissances pratiques, immédiatement utilisables. Mais l’école néocoloniale tourne le dos à cette réalité et met l’accent sur la formation théorique. Elle fournit des cadres érudits mais incapables d’entreprendre une activité manuelle. Cette distorsion entre la scolarisation et l’emploi conduit à un chômage massif des diplômés au secondaire et au supérieur.
Ainsi le constat est amer. C’est l’échec total. Avec plus du quart du budget de l’État consacré à des fins éducatives, les résultats obtenus sont nettement en-dessous des attentes et sacrifices consentis.
Source : Discours de Thomas Sankara Publiée par Sidwaya le 17 février 1986, et par Carrefour africain n° 923 le 21 février sous le titre “L’école révolutionnaire burkinabè”.
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