Le régime légal de sécurité sociale allemand comprend 5 branches d'assurance : l'assurance pension, l'assurance maladie-maternité, l'assurance dépendance, l'assurance accidents (pour les risques accidents du travail et maladies professionnelles) et l'assurance chômage. Chaque branche d'assurance est gérée de manière autonome par des conseils d'administration composés paritairement de représentants des employeurs et de représentants des salariés. Dans le domaine de l'assurance chômage, la représentation est tripartite : employeurs, assurés et État. Outre le régime légal de sécurité sociale, la protection sociale en Allemagne prévoit également diverses prestations familiales et allocations de logement, une aide sociale publique et des prestations minimales en faveur des demandeurs d'emploi.
En Allemagne, les salariés percevant une rémunération excédant un certain seuil (450 € par mois en 2017) sont obligatoirement assurés aux assurances maladie-maternité, dépendance, pensions (invalidité, vieillesse et survivants) et chômage. Les salariés dont les revenus sont inférieurs au seuil sont également assurés de manière automatique depuis janvier 2013, mais peuvent demander une exemption d'assujettissement (voir également partie II – Financement : emplois faiblement rémunérés). S'agissant de l'assurance accidents du travail, il n'existe pas de salaire minimum pour en relever.
Dès le début de l'activité, il appartient au salarié de choisir sa caisse maladie (Krankenkasse) et d'en informer son employeur. L'institution d'assurance maladie doit également être prévenue lorsque la relation de travail se termine. Le choix concerne toutes les caisses maladie à l'exception de la caisse des agriculteurs. La caisse maladie se charge de transmettre les informations aux institutions d'assurance dépendance, pensions et chômage. En retour, le salarié se voit attribuer un numéro d'assuré social (Versicherungsnummer).
En matière d'assurance accidents du travail, l'employeur a l'obligation d'affilier le salarié à la caisse mutuelle d'assurance accidents (Berufsgenossenchaft) compétente en fonction du secteur d'activité de l'entreprise.
Si vous résidez et travaillez en Allemagne, vous devez être affilié(e) à la Sécurité Sociale.
Si vous travaillez à votre compte en Allemagne, vous pouvez choisir entre une couverture santé publique ou une couverture santé privée. Chacune a ses avantages et inconvénients:
Si vous vous décidez pour le régime public, votre famille est automatiquement assurée avec vous.
Si vous vous décidez pour le régime privé, tous les membres de la famille devront payer les cotisations séparément. Si vous n’avez pas de famille, le régime privé est normalement le moins cher .
Les assurances maladie et dépendance sont gérées par les caisses maladie et les caisses d'assurance dépendance rattachées à celles-ci. Il existe 6 types de caisses maladie ( Allgemeine Ortskrankenkassen (AOK Bundesverband) : caisses locales générales , Betriebskrankenkassen(BKK) : caisses d'entreprises , Landwirtschaftliche Krankenkasse (LKK) : caisses agricoles , Knappschaft-Bahn-See : caisse des mineurs, des cheminots et des marins , Innungskrankenkassen(IKK Bundesverband) : caisses corporatives , Ersatzkassen : caisses maladie libres agréées , ... ) .
Toutes ces caisses sont des organismes autonomes de droit public qui fonctionnent selon le principe de l'autogestion, sous la tutelle du Ministère fédéral de la santé (Bundesministerium für Gesundheit). La caisse des agriculteurs, quant à elle, est placée sous la tutelle du Ministère fédéral de l'alimentation et de l'agriculture (Bundesministerium für Ernährung und Landwirtschaft).
Au 1er juin 2017, il existe 113 caisses d'assurance maladie .
En principe, toutes les personnes affiliées à une caisse de maladie du régime légal sont automatiquement assurées auprès de cette caisse pour le risque dépendance (les affiliés volontaires peuvent demander à en être exemptés, mais doivent dans ce cas souscrire à une assurance dépendance privée).
Les caisses d'assurance maladie sont compétentes pour l'encaissement des cotisations pour tous les risques, à l'exception du risque accidents du travail et maladies professionnelles dont l'encaissement relève des caisses mutuelles d'assurance accidents (Berufsgenossenschaften).
La gestion de l'assurance accidents, pour le secteur privé, est assurée par les Berufsgenossenschaften ; ce sont des institutions de droit public avec un droit à l'autogestion, placées sous la tutelle du Ministère fédéral du travail et des affaires sociales. Dans le secteur public, la gestion est assurée par les institutions d'assurance accidents du secteur public (Unfallversicherungsträger der öffentlichen Hand).
Les Berufsgenossenschaften (voir la liste), au nombre de 9, interviennent à plusieurs niveaux : prévention des accidents du travail, fourniture de prestations de réinsertion professionnelle, qui couvre le traitement au sens large, réadaptation professionnelle et indemnisation sous forme de prestations en espèces.
Le régime légal d'assurance pension est géré par l'Institution fédérale d'assurance invalidité-vieillesse allemande (Deutsche Rentenversicherung Bund) et les organismes régionaux (Regionalträger der Deutschen Rentenversicherung) ainsi que l'Institution d'assurance des travailleurs de l'industrie minière, des chemins de fer et des marins (Deutsche Rentenversicherung Knappschaft-Bahn-See). L'assurance sociale pour l'agriculture, le secteur forestier et l'horticulture (Sozialversicherung für Landwirtschaft, Forsten und Gartenbau) est responsable pour l'assurance pension des agriculteurs.
Les institutions d'assurance pension sont des établissements de droit public soumis à la tutelle de l'État.
Enfin, le régime légal d'assurance vieillesse, qui est le principal pilier de la prévoyance vieillesse, est complété par une prévoyance individuelle complémentaire d'initiative privée bénéficiant de l'aide de l'État. La prévoyance individuelle complémentaire s'applique tant aux formules de prévoyance privée qu'aux régimes de retraites des entreprises.
L'Agence fédérale pour l'emploi (Bundesagentur für Arbeit) – collectivité de droit public jouissant de l'autonomie administrative – est l'organe gestionnaire de l'assurance chômage allemande. Parmi ses missions, on trouve la promotion de l'insertion professionnelle, le versement des revenus de remplacement, et une mission d'information et d'orientation professionnelle.
Les directions régionales du travail (Regionaldirektionen) et les agences locales pour l'emploi (Agenturen für Arbeit) forment la base de l'organisation. C'est à ces organismes que l'assuré doit s'adresser dans ses démarches d'inscription et de demande de prestations.
Ce sont les caisses familiales (Familienkasse ) instituées auprès de l'Agence fédérale pour l'emploi qui versent les allocations familiales.
Quant à l'allocation parentale (Elterngeld) et l'avance sur pension alimentaire (Unterhaltsvorschuss), ce sont les services désignés par les gouvernements des Länder qui en sont responsables. Le Ministère fédéral de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse (Bundesministerium für Familie, Senioren, Frauen und Jugend) assure la tutelle de ces prestations. Le Ministère fédéral des finances (Bundesministerium der Finanzen) a, quant à lui, la responsabilité des allocations familiales sous forme d'allègement fiscal.
Enfin, l'allocation de logement (Wohngeld) est le servie par les bureaux d'allocation de logement des villes et des communes. La tutelle est assurée par le Ministère fédéral des transports et des infrastructures numériques (Bundesministerium für Verkehr und digitale Infrastruktur).
Le droit de l'aide sociale a été intégré au Code social, dont il est devenu le livre XII, en 2005. En présence d'un revenu et d'un patrimoine insuffisants, l'aide sociale couvre les besoins minimums, soit le nécessaire pour mener une existence acceptable au sein de la société.
Placé sous la tutelle du Ministère fédéral du travail et des affaires sociales, le service de l'aide sociale est assuré au niveau des Länder par les bureaux d'aide sociale des districts (Landkreise) et les villes autonomes (kreisfreie Städte) ainsi que par les institutions intercommunales de l'aide sociale (überörtliche Träger der Sozialhilfe).
NB
(1) L'obligation d'affiliation à l'assurance maladie légale ne s'applique pas au salarié dont la rémunération annuelle dépasse 57 600 € (52 200 € pour les membres d'une assurance privée au 31 décembre 2002). Ces personnes doivent obligatoirement contracter une assurance maladie auprès d'un assureur privé si elles n'optent pas pour une assurance volontaire dans le régime d'assurance maladie légale.
(2) Les salariés ayant des rémunérations mensuelles comprises entre 450,01 € et 850 € bénéficient d'un allègement des cotisations sociales (proportionnel au salaire). La cotisation patronale reste inchangée.
(3) Les caisses maladie peuvent appliquer une contribution individuelle supplémentaire à la charge de l'assuré (Zusatzbeitrag). Les taux, variables, peuvent être consultés à titre indicatif sur le site de l'Association nationale des caisses maladie. En 2017, la cotisation supplémentaire moyenne s'élève à 1,1 %. Pour les salariés, elle est directement prélevée par l'employeur sur leur rémunération.
(4) Pour les salariés exerçant une activité marginale (rémunération mensuelle brute inférieure à 450 €), la répartition des cotisations entre employeurs et employés est différente. Si l'activité est exercée au sein d'un ménage privé, la cotisation patronale s'élève à 5 % tandis que la part salariale est fixée à 13,7 %. Dans les autres cas, l'employé doit s'acquitter d'un taux de 3,7 % et son employeur verse les 15 % restants. Le salarié peut demander – par le biais de son employeur – à être exempté de cotisations (voir ci-dessous). Cette exemption n'est pas possible pour les personnes présentant un handicap, les apprentis et certains autres groupes de salariés. Enfin, l'exemption entraîne une restriction des droits à pension.
(5) - Une cotisation supplémentaire à l'assurance dépendance de 0,25 % est versée par les assurés sans enfant, âgés de 23 ans ou plus. - Dans le Land de Saxe, les salariés cotisent au taux de 1,775 % et les employeurs au taux de 0,775 %.
Sources : Ministère fédéral du travail et des affaires sociales, Association nationale des caisses de maladie.
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