"L'École ivoirienne est morte " . Ces termes choisis par un internaute pour qualifier la situation actuelle de l'école ivoirienne traduisent son sentiment de révolte et d'incompréhension face à la fragilité du système scolaire qui lui semble indigne d'un pays comme la Côte d'Ivoire qui se veut émergent à l'horizon 2020 .
Cette réaction nous amène à nous interroger sur les problèmes auxquels est confrontée notre école .
Nous nous baserons sur certaines expériences pour analyser la situation actuelle de notre système éducatif .
L'ÉCOLE GRATUITE ET OBLIGATOIRE : UNE UTOPIE ?
Selon les dirigeants du pays , l'école est " gratuite et obligatoire" . Cependant , en pratique , l'explosion des écoles privées , la corruption et le marchandage au sein des écoles semblent remettre cette idée en cause parce qu'en plus des droits d'inscription dont le montant est le même dans toutes les écoles ( 6000 Fcfa ) , les parents sont soumis au paiement de d'autres frais supplémentaires qui sont parfois plus élevés que le montant "autorisé " et varient d'une école à une autre.
C'est après le paiement de tous ces montants que l'enfant est autorisé à suivre les cours . Dans le cas contraire , il est privé des classes ( une école des élites ) .
UNE OPPOSITION ENTRE LES RÉALITÉS SOCIALES ET L'ENSEIGNEMENT
L'école parfaite n'existe pas . Cependant , l'école ancienne( les années 60 ) a exercé une très forte influence sur une société ivoirienne qui s'est assez largement identifiée à ce modèle scolaire . Cette école a su imprimer sa marque sur la société ivoirienne en produisant des cadres bien formés et bien éduqués et en renforçant l'unité nationale . Elle associait la culture aux vertus sociales , spirituelles et morales .
Cependant , l'école " moderne " ( nos jours ) est catégoriquement opposée à nos réalités sociales . Elle instruit sans éduquer. Elle produit des individus sans repère qui ne savent pas à quelle image se conformer . On assiste donc à la naissance d'une génération perdue , indigne , ... ( prostitués , bandits , voleurs , ... ).
Selon des sociologues , la famille est le premier environnement de socialisation . Mais , les parent ont tous fui leur responsabilité en confiant l'avenir de la société au système car pour eux , l'Etat est le seul responsable de l'éducation d'un enfant .
UNE MAUVAISE COMMUNICATION ENTRE LES ACTEURS DU SYSTÈME ÉDUCATIF
La Côte d'Ivoire est un État démocratique . Cependant , cette vision des choses est presqu'un mythe dans la mesure où la majorité des citoyens est privée de la parole . L'école n'est pas épargnée de cette triste réalité .
Le gouvernement impose généralement ses décisions sans concerter les autres acteurs , c'est-à-dire les syndicats des enseignants , des élèves et étudiants , les parents d'eleves , ...
S'il y a une concertation , elle se fait avec des représentations issues des mêmes milieux politiques que les dirigeants . On y prend des décisions au nom de tous les autres acteurs , même si elles sont contre leur volonté . C'est le cas du Coges ( Le comité de gestion des établissements scolaires ) dont les représentants sont majoritairement issus soit des classes supérieures , soit des classes moyennes , rarement des familles défavorisées .
Or , plus de la moitié de la population ivoirienne appartient à la dernière classe . Par conséquent , la majorité subit les décisions d'une minorité .
Les syndicats qui sont sensés lutter contre ces injustices sont eux-mêmes impuissants . Ils sont accusés d'être égoïtes et parrainés par des politiques .
C'est le cas de la FESCI dont les actions la discréditent . Elle se présente comme la voix des élèves et étudiants . Pourtant , elle ne communique ni avec ces derniers ni avec leurs parents . Elle les associe à ses actions que lorsqu'il s'agit des actions guerrières . Ce qui lui donne une image violente dans la société .
L'IMPUISSANCE DES ENSEIGNANTS
Les enseignants d'autrefois étaient bien formés car ils avaient une très lourde tâche . Ils travaillaient énormément dans des conditions plus ou moins difficiles qu'aujourd'hui .
De même , ils étaient soumis à un contrôle très étroit de leur pratique pédagogique par l'institution scolaire . Ils faisaient l'objet des inspections annuelles très strictes . Les inspecteurs étaient très présents dans les écoles et les directeurs des écoles à plusieurs classes étaient susceptibles d'exercer un rôle de direction pédagogique auprès de leurs adjoints . Bien que cette pratique provoquait des conflits , elle était efficace .
Ils travaillaient en concurrence avec L'ENSEIGNEMENT privé dans les villes . Mais , en classe , leurs pratiques étaient catégoriquement limitées aux programmes et procédés pédagogiques imposés par l'institution .
Obéir aux injonctions de l'institution pour bénéficier des prestiges était plus important que de chercher des avantages ailleurs .
LA NON SÉLECTION DANS LES ÉCOLES ?
L'école primaire vise à enseigner les bases de l'apprentissage à l'enfant .
Étaient sensés redoublés , les enfants qui n'auraient pas assimilés ces bases .
Cependant , depuis un certain moment , nos dirigeants ont decidé de supprimer le redoublement , afin de "donner la chance à tous les enfants d'avancer " . Mais , cette politique semble avoir un autre objectif : Celui de réduire les dépenses de l'Etat .
Parce que loin de promouvoir l'égalité d'accès au collège , cette politique encourage l'injustice sociale et la médiocrité dans les écoles . C'est la manifestation des comportements d'évitement .
Les enfants issus des milieux populaires sont les premières victimes de cette politique . Contrairement aux autres enfants , ils ne bénéficient pas d'héritage culturel ( moins de livres à la maison , parents qui ne savent ni lire ni écrire , pas d'activités extrasolaires ... ) . Ils se contentent seulement de ce qu'ils reçoivent à l'école . Le redoublement permettrait à certains d'assimiler ce qu'ils n'ont pas compris la première année . Mais hélas ! On permet leur progression avec des carences .
Une fois au collège , ils commencent à découvrir leurs limites parmi des gens qui ont bénéficié de la culture familiale .
Ils commencent donc à vivre l'école comme quelque chose de difficile qu'il faut abandonner . Cela se manifeste par le taux élevé de l'absentéisme , de l'échec scolaire , ...
Ceux qui auront la chance d'avancer , ont une bonne volonté culturelle . Ils savent que l'école a de la valeur . Mais , ils ne connaissent pas cette valeur . Donc , ils se livrent à la recherche des notes ( appréciation ) .
Ne sachant pas réellement ce qu'ils recherchent à l'école , ils se font orienter dans des filières qui n'ont aucune valeur dans la société pendant que les autres vont vers des voies qui permettent une bonne insertion professionnelle .
Malgré une longue étude , ils se retrouvent au chômage .
Les parents qui n'attendent plus rien de l'école n'encouragent plus les autres enfants à aller à l'école .
Ceux-ci voyant leurs aînés qui malgré tout , se retrouvent à la rue , cultivent un rejet total de l'école .
À 11 ou 12 ans , ils rejoignent le monde du travail ou parfois le monde de la petite délinquance urbaine .
On accuse les enfants . Or c'est le modèle scolaire qui crée tout ce qu'on vit aujourd'hui . On ne s'aperçoit pas que c'est son résultat .
L'École ivoirienne a tellement de problèmes qu'il nous faut sa réforme globale .
"L'École ivoirienne est morte " . Ces termes choisis par un internaute pour qualifier la situation actuelle de l'école ivoirienne traduisent son sentiment de révolte et d'incompréhension face à la fragilité du système scolaire qui lui semble indigne d'un pays comme la Côte d'Ivoire qui se veut émergent à l'horizon 2020 .
Cette réaction nous amène à nous interroger sur les problèmes auxquels est confrontée notre école .
Nous nous baserons sur certaines expériences pour analyser la situation actuelle de notre système éducatif .
L'ÉCOLE GRATUITE ET OBLIGATOIRE : UNE UTOPIE ?
Selon les dirigeants du pays , l'école est " gratuite et obligatoire" . Cependant , en pratique , l'explosion des écoles privées , la corruption et le marchandage au sein des écoles semblent remettre cette idée en cause parce qu'en plus des droits d'inscription dont le montant est le même dans toutes les écoles ( 6000 Fcfa ) , les parents sont soumis au paiement de d'autres frais supplémentaires qui sont parfois plus élevés que le montant "autorisé " et varient d'une école à une autre.
C'est après le paiement de tous ces montants que l'enfant est autorisé à suivre les cours . Dans le cas contraire , il est privé des classes ( une école des élites ) .
UNE OPPOSITION ENTRE LES RÉALITÉS SOCIALES ET L'ENSEIGNEMENT
L'école parfaite n'existe pas . Cependant , l'école ancienne( les années 60 ) a exercé une très forte influence sur une société ivoirienne qui s'est assez largement identifiée à ce modèle scolaire . Cette école a su imprimer sa marque sur la société ivoirienne en produisant des cadres bien formés et bien éduqués et en renforçant l'unité nationale . Elle associait la culture aux vertus sociales , spirituelles et morales .
Cependant , l'école " moderne " ( nos jours ) est catégoriquement opposée à nos réalités sociales . Elle instruit sans éduquer. Elle produit des individus sans repère qui ne savent pas à quelle image se conformer . On assiste donc à la naissance d'une génération perdue , indigne , ... ( prostitués , bandits , voleurs , ... ).
Selon des sociologues , la famille est le premier environnement de socialisation . Mais , les parent ont tous fui leur responsabilité en confiant l'avenir de la société au système car pour eux , l'Etat est le seul responsable de l'éducation d'un enfant .
UNE MAUVAISE COMMUNICATION ENTRE LES ACTEURS DU SYSTÈME ÉDUCATIF
La Côte d'Ivoire est un État démocratique . Cependant , cette vision des choses est presqu'un mythe dans la mesure où la majorité des citoyens est privée de la parole . L'école n'est pas épargnée de cette triste réalité .
Le gouvernement impose généralement ses décisions sans concerter les autres acteurs , c'est-à-dire les syndicats des enseignants , des élèves et étudiants , les parents d'eleves , ...
S'il y a une concertation , elle se fait avec des représentations issues des mêmes milieux politiques que les dirigeants . On y prend des décisions au nom de tous les autres acteurs , même si elles sont contre leur volonté . C'est le cas du Coges ( Le comité de gestion des établissements scolaires ) dont les représentants sont majoritairement issus soit des classes supérieures , soit des classes moyennes , rarement des familles défavorisées .
Or , plus de la moitié de la population ivoirienne appartient à la dernière classe . Par conséquent , la majorité subit les décisions d'une minorité .
Les syndicats qui sont sensés lutter contre ces injustices sont eux-mêmes impuissants . Ils sont accusés d'être égoïtes et parrainés par des politiques .
C'est le cas de la FESCI dont les actions la discréditent . Elle se présente comme la voix des élèves et étudiants . Pourtant , elle ne communique ni avec ces derniers ni avec leurs parents . Elle les associe à ses actions que lorsqu'il s'agit des actions guerrières . Ce qui lui donne une image violente dans la société .
L'IMPUISSANCE DES ENSEIGNANTS
Les enseignants d'autrefois étaient bien formés car ils avaient une très lourde tâche . Ils travaillaient énormément dans des conditions plus ou moins difficiles qu'aujourd'hui .
De même , ils étaient soumis à un contrôle très étroit de leur pratique pédagogique par l'institution scolaire . Ils faisaient l'objet des inspections annuelles très strictes . Les inspecteurs étaient très présents dans les écoles et les directeurs des écoles à plusieurs classes étaient susceptibles d'exercer un rôle de direction pédagogique auprès de leurs adjoints . Bien que cette pratique provoquait des conflits , elle était efficace .
Ils travaillaient en concurrence avec L'ENSEIGNEMENT privé dans les villes . Mais , en classe , leurs pratiques étaient catégoriquement limitées aux programmes et procédés pédagogiques imposés par l'institution .
Obéir aux injonctions de l'institution pour bénéficier des prestiges était plus important que de chercher des avantages ailleurs .
LA NON SÉLECTION DANS LES ÉCOLES ?
L'école primaire vise à enseigner les bases de l'apprentissage à l'enfant . Étaient sensés redoublés , les enfants qui n'auraient pas assimilés ces bases . Cependant , depuis un certain moment , nos dirigeants ont décidé
de supprimer le redoublement , afin de "donner la chance à tous les enfants d'avancer " . Mais , cette politique semble avoir un autre objectif : Celui de réduire les dépenses de l'Etat .
Parce que loin de promouvoir l'égalité d'accès au collège , cette politique encourage l'injustice sociale et la médiocrité dans les écoles . C'est la manifestation des comportements d'évitement .
Les enfants issus des milieux populaires sont les premières victimes de cette politique . Contrairement aux autres enfants , ils ne bénéficient pas d'héritage culturel ( moins de livres à la maison , parents qui ne savent ni lire ni écrire , pas d'activités extrasolaires ... ) . Ils se contentent seulement de ce qu'ils reçoivent à l'école . Le redoublement permettrait à certains d'assimiler ce qu'ils n'ont pas compris la première année . Mais hélas ! On permet leur progression avec des carences .
Une fois au collège , ils commencent à découvrir leurs limites parmi des gens qui ont bénéficié de la culture familiale .
Ils commencent donc à vivre l'école comme quelque chose de difficile qu'il faut abandonner . Cela se manifeste par le taux élevé de l'absentéisme , de l'échec scolaire , ...
Ceux qui auront la chance d'avancer , ont une bonne volonté culturelle . Ils savent que l'école a de la valeur . Mais , ils ne connaissent pas cette valeur . Donc , ils se livrent à la recherche des notes ( appréciation ) .
Ne sachant pas réellement ce qu'ils recherchent à l'école , ils se font orienter dans des filières qui n'ont aucune valeur dans la société pendant que les autres vont vers des voies qui permettent une bonne insertion professionnelle .
Malgré une longue étude , ils se retrouvent au chômage .
Les parents qui n'attendent plus rien de l'école n'encouragent plus les autres enfants à aller à l'école .
Ceux-ci voyant leurs aînés qui malgré tout , se retrouvent à la rue , cultivent un rejet total de l'école .
À 11 ou 12 ans , ils rejoignent le monde du travail ou parfois le monde de la petite délinquance urbaine .
On accuse les enfants . Or c'est le modèle scolaire qui crée tout ce qu'on vit aujourd'hui . On ne s'aperçoit pas que c'est son résultat . L'École ivoirienne a tellement de problèmes qu'il nous faut sa réforme globale .
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