Joseph Ki‐Zerbo (1922‐2006), historien, professeur et homme politique burkinabè, se distingue par un parcours intellectuel et académique exceptionnel.
Né en Haute‐Volta (actuel Burkina Faso) qui, à l’époque, enregistre l’un des plus faibles taux de scolarisation de l’AOF, il entame contre toute attente des études couronnées de succès.
Après l'obtention de son baccalauréat en 1949 à Bamako , il intègre l’Université de la Sorbonne, où il étudie l’histoire, puis l’Institut d’Etudes politiques de Paris . Il devient ainsi, en 1956, le premier Africain agrégé d’histoire .
C’est durant ces années d’études supérieures que son engagement pour la reconnaissance de l’histoire africaine se développe. En 1958, il fonde son premier parti politique, Le Mouvement pour la Libération nationale de l’Afrique.
Lorsque son pays obtient l’indépendance, il devient un acteur reconnu de l’opposition au régime instauré, militant pour la démocratie et l’unité africaine.
Contraint à l’exil en 1983, il revient en 1992 et reconstitue son parti, qui s’impose comme le parti d’opposition le plus important du pays. Parallèlement, il participe au Conseil exécutif de l’UNESCO en tant que membre éminent.
Après l’assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998, il contribue à la création du Collectif des organisations démocratiques de masse et des partis politiques, dont l’objectif est de lutter contre l’impunité des crimes politiques et économiques, et devient l’un des leaders du mouvement.
Homme politique reconnu et respecté, Joseph Ki‐Zerbo est aussi l’un des plus grands penseurs de l’Afrique. Il a consacré la majeure partie de sa vie à lutter pour que l’Afrique soit considérée comme une véritable civilisation.
Sa monumentale Histoire de l’Afrique noire (1972), première synthèse sur le sujet rédigée par un Africain, devient un ouvrage de référence. Impliqué dans la recherche au développement, il obtient en 1997 le prix Nobel alternatif et en 2000 le prix Kadhafi des droits de l’homme et des peuples.
Auteur de nombreux articles et ouvrages, il publie en 2003 l’un de ses derniers écrits, À quand l’Afrique ? Entretien avec René Holenstein, très vite épuisé, et aujourd’hui réédité.
" Vous savez que nous avons recherché de nouvelles sources de l'histoire africaine, y compris la tradition orale. J'ai prouvé que le mot "préhistoire" était un mot mal venu. Je ne vois pas pourquoi les premiers humains qui avaient inventé la position debout, la parole, l'art, la religion, le feu, les premiers outils, les premiers habitats, les premières cultures seraient hors de l'histoire ! " , a -t-il écrit dans " A quand l'Afrique ?" "Jusqu'ici la charge de tolérance contenue dans les cultures africaines a empêché l’Afrique au sud du Sahara de basculer dans de telles dérives culturalistes ou intégristes. Mais rien ne dit qu'un jour, quand les frustrations seront très graves et que la paupérisation se sera approfondie, il n'y ait pas de réactions de ce type" , a -t-il indique dans le même livre .
Il décède trois ans plus tard, le 4 décembre 2006.
Source : Presses Universitaires d'Afrique
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