À l'occasion des commémorations des 50 ans de l'assassinat de son père aux États-Unis, la fille de Martin Luther King , révérend afro-américain , militant non-violent pour les droits civiques , pour la paix et contre la pauvreté , a accordé un entretien au journal français franceinfo .
Bernice King , l’une des 4 enfants auxquels son père fait référence dans le discours : « I have a dream that one day my four little children... » . Cette petite fille apeurée, le regard triste sur la photo, en avril 1968, avec sa mère CorettaScottKing , lors des funérailles de son père assassiné le 4 avril 1968 , à Atlanta, à l'Ebenezer Baptist Church .
franceinfo : Quels sont les combats que mènerait votre père aujourd'hui ?
Bernice King : Il continuerait sans doute sa campagne qu’il avait lancée pour les travailleurs pauvres. On n’a pas éradiqué la pauvreté dans ce pays, et dans le monde. Et regardez autour de vous, lisez les statistiques : la situation est pire aujourd’hui qu’à son époque. Nous devons imaginer une société plus équitable sur le plan économique. Je pense que ce serait vraiment l’un de ses combats majeurs aujourd’hui. Le second problème, honnêtement, c’est ce racisme systémique, institutionnalisé. Ce racisme qui persiste dans la société américaine. Dans tous les aspects de la vie, ici, aux États-Unis, les Noirs continuent à recevoir moins que les Blancs. On leur refuse toujours un accès égal. Et donc il y a ce mouvement qui a débuté avec "Black Lives Matter" ("les vies des Noirs comptent", en français), pour que enfin cette nation prenne conscience que oui, les vies noires comptent. Ce mouvement est vraiment essentiel. Parce qu’il nous oblige à parler de ça, dans des communautés ou les gens n’étaient pas conscients de cela. Les gens faisaient semblant de ne pas entendre, de ne pas voir et d’ignorer ce qui se passe dans leur propre pays. Ce mouvement a ouvert tellement de portes pour qu’enfin ça change. Mon espoir, en tant que fille du révérend King, c’est que tous les mouvements de protestation qu’on voit en ce moment aux États-Unis aient bien étudié sa théorie de la non-violence. C’était stratégique pour lui dans sa manière d’aborder les changements sociaux.
Vous aviez cinq ans quand votre père a été assassiné. Quel est le souvenir le plus marquant que vous gardez de lui ?
Vous savez, lui et moi, on avait ce petit jeu... Si on peut appeler cela comme ça. Je sautais dans ses bras quand il rentrait le soir à la maison et il disait : "On fait le jeu du bisou". Il nous mettait sur le réfrigérateur avec mes frères et sœurs et on sautait dans ses bras. Mais le jeu du bisou, c’était moi ! Il n'y a que moi, Bernice, qui peut vous en parler !
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