Côte d'Ivoire : Qui sont les "étrangers"?
- LIBRE MAGAZINE
- 14 févr.
- 2 min de lecture

Il est important de rappeler que ce sujet ne peut plus être traité de la même façon que les années 70. Pendant très longtemps, on a eu une image assez claire de l'origine de certaines personnes : on pouvait parler des burkinabé, maliens, dahoméens, guinéens...
On avait l'impression d'être dans un pays où les acteurs étaient bien identifiés. On pouvait se baser sur le nom, le visage, la langue, la manière de vivre pour identifier l'origine d'une personne.
Aujourd'hui, comme dans de nombreux pays du monde, on a l'impression que tout le monde vient du même père et de la même mère. Qui ose dire que Doukouré est malien ou Guinéen? Qui peut dire que tous ceux qui ont des balafres sont des burkinabé? Qui est capable de deviner que tous les boutiquiers sont des peuhls de la Guinée? Ce n'est plus net pour une raison simple, c'est que ceux qu'on appelait " étrangers " avant, ont épousé en majorité des "ivoiriens ". Ces ivoiriens ont eu des enfants avec eux . Ce mélange peut être designé parfois comme ivoirien, parfois comme étranger. D'autres ont eu la nationalité ivoirienne selon la loi.
Des gens sont venus au pays depuis des années. Ils sont assimilés culturellement. Ils s'identifient plus à la culture ivoirienne qu'à celle de leurs pays d'origine. Je connais des peuhls au nord de la Côte d'Ivoire. Ils parlent le malinké plus que certains de nos parents. Nous avons des jeunes venus du Libéria qui maîtrisent la culture Krou plus que des habitants de l'Ouest de la Côte d'Ivoire.
La majorité des habitants de la Côte d'Ivoire comme dans de nombreux pays africains, a au moins un parent qui est lui même immigré et a ses origines ailleurs. On peut avoir sa famille ailleurs et être ivoirien. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on parle de l'union africaine.
On ne peut pas parler de l'union africaine et traiter les autres africains d'étrangers chez nous. C'est un paradoxe de dire aux gens que nous sommes les memes et quand ils viennent chez nous, ils n'ont pas de place autant.
Nous avons tous été africains avant d'être ivoiriens.
Il faut mettre en place une politique permettant à tous ceux qui viennent, de vivre dans la cohésion sociale, afin que chacun contribue à la construction d'une société forte comme l'a fait le père Felix HOUPHOUËT BOIGNY.
Soumaila Diarrassouba, rédacteur web-écrivain militant indépendant.
Comments