Depuis quelques années , les orientations des étudiants se font en ligne en Côte d'Ivoire . L'avenir des futurs étudiants dépend du numérique . Chaque année, les futurs bacheliers doivent se rendre sur la plateforme d'orientation (http://orientation.etudiants.edu.ci/) . Ils y rentrent et classent leurs vœux selon leur préférence . De simples gestes dont dépend votre avenir .
Si certains s'y retrouvent , la majorité se perd : Ils sont orientés contre leur choix ou dans des filières sur lesquelles ils estiment n'avoir pas eu assez d'informations . Notre correspond a interrogé des étudiants qui témoignent de leurs expériences .
Yao , un jeune brillant , âgé de 20 ans , est actuellement sous le poids de la dépression . Après avoir décroché un BAC A2 cette année , il compte poursuivre ses études à l'université . Il a un projet professionnel clair : il veut devenir un professeur de philosophie au lycée . Pour cela , il a combattu pour obtenir de bonnes notes au lycée . Mais , le rêve de Yao est presque brisé . Il a été orienté en gestion commerciale dans une grande école sans possibilité de changer .
" Je ne comprends pas . Je remplis tous les critères . J'ai toutes les compétences pour faire la philosophie . J'ai tout fait pour une réorientation . Mais , ça n'a pas marché " , raconte -t-il . Yao ne veut pas faire la filière dans laquelle il est orienté . Il décide de complètement abandonner et trouver, grâce à des circuits indirects , une place à l'université (dans sa filière ) .
" Je crois qu'il sera inutile de faire la gestion commerciale . Je ne me suis pas préparé pour cette filière . Je vais l'abandonner pour trouver une place en philosophie dans une université publique . J'ai déjà contacté des personnes qui m'ont promis des places contre de l'argent " , estime-t-il .
Selon lui , l'Etat impose aux nouveaux bacheliers des filières qui correspondent aux besoins des grandes écoles et non à ceux du marché de l'emploi. " Des grandes écoles corrompent les agents d'orientation pour avoir des élèves en première année . Ces agents d'orientation nous envoient dans leurs écoles sans tenir compte de nos choix et notre avenir . C'est très grave " , s'indigne-t-il .
Après avoir décroché un BAC D l'an dernier , Hamed , 22 ans , prépare une licence d'Histoire . A la question de savoir pourquoi il fait cette filière , Hamed répond : " Je ne sais pas . C'est l'Etat qui m'a envoyé ici . Pour ne pas rester à la maison , je viens faire cours . "
N'ayant pas assez d'informations sur sa filière , Hamed est dans le flou . Il n'a aucune idée de son avenir . " Je ne sais pas du tout ce que je pourrai faire après les études . Je vais me renseigner auprès des anciens " , déclare -t-il .
A 18 ans , Fred vient de décrocher son Bac C avec mention . Il rêve de devenir médecin . C'est pourquoi , il veut aller à l'université Nangui Abrogoua . Cependant , il ne pourra pas . En cause : Fred a été orienté dans une grande école . Ces parents estiment qu'ils n'ont pas les moyens de payer ses études . " J'ai été orienté dans une grande école contre mon premier choix . Quand j'ai informé mon père , il n'a rien dit . Mais , dès qu'il a su les frais de scolarité , il m'a dit : " ce n'est pas possible " . N'ayant pas d'autres solutions , je vais suspendre les études pour rechercher un peu d'argent . Cela pourra m'aider l'an prochain à payer pour avoir une place à l'université " , affirme-t-il .
Toutefois , Fred demande à l'Etat de penser à l'avenir des élèves avant de les orienter . " Il faut que l'Etat revoie sa politique d'orientation . Au Lycée , nous n'avons aucune information sur les filières universitaires . Même quand on a des informations sur des filières , l'Etat refuse de respecter nos choix . On nous envoie dans des filières qui sont souvent opposées au marché de l'emploi . C'est peut-être une façon de nous dissuader pour après nous accuser " , conseille -t-il .
Comments