Le conseil d'administration du Fonds monétaire a validé l'octroi d'une facilité de crédit élargie d'une durée de trois ans au pays dirigé par Sassou Nguesso. Une décision attendue mais qui soulève de vives critiques.
La décision du Fonds monétaire international (FMI) est donc prise. Malgré les nombreux rebondissements, les doutes et les critiques, le conseil d'administration du FMI, qui s'est réuni jeudi, a choisi d'accorder à la République du Congo une facilité de crédit élargie de 448,6 millions de dollars sur trois ans. L'objectif est d'aider le pays dirigé par Denis Sassou Nguesso à relancer son économie, mise à mal, entre autres, par la chute des cours du pétrole en 2014.
La décision du conseil d'administration autorise le déblocage immédiat de 44,9 millions de dollars au profit de la République du Congo', indique un communiqué du Fonds. Pour le gouvernement congolais, qui a été conseillé par la banque Lazard et par Dominique Strauss Kahn et essaie de trouver de l'argent frais depuis des années, c'est une victoire.
Pour d'autres, ce 11 juillet symbolise au contraire une défaite. «La décision du FMI d'accorder au Congo un nouveau plan d'aide est préoccupante car elle est révélatrice d'une forme d'amnésie institutionnelle et discrédite l'ambition affichée par le Fonds de lutter contre la corruption », commente Natasha White, de l'ONG Global Witness. «Rien que sur l'année passée, nous avons mis au jour des cas de corruption au sein du secteur pétrolier, révélé de nouvelles dettes cachées et du blanchiment d'argent présumé de la part de membres de la famille présidentielle ».
L'ONG explique que la corruption et la mauvaise gestion des ressources naturelles du pays sont un facteur clé dans le problème de dette récurrent auquel est confronté Brazzaville. Elle pointe notamment le recours au préfinancement pétrolier : le Congo gage sa production d'or noir en échange de liquidités accordées par des traders.
Le Fonds monétaire a conscience des enjeux, lui qui a exigé que Brazzaville mette fin à ces pratiques pour bénéficier d'un nouveau plan d'aide. Si le gouvernement Sassou Nguesso a fait quelques efforts pour améliorer la transparence, le chemin est encore très long et le FMI ne peut ignorer que le pays a déjà, dans le passé, renié ses engagements.
Au moment d'octroyer la facilité de crédit, le FMI rappelle d'ailleurs les règles. «Il sera crucial d'améliorer la transparence des finances publiques ». Il salue les réformes ambitieuses du Congo en matière de gouvernance, mais ajoute : «des réformes supplémentaires seront nécessaires pour renforcer l'état de droit (...) et rendre opérationnelle la commission anti-corruption qui vient d'être créé ».
Pour obtenir cette aide et revenir sur une trajectoire de dette soutenable, Brazzaville a signé en mai un accord avec la Chine pour une restructuration de la dette contractée auprès de Pékin et de ses agences de crédit export. Un accord jugé historique - même si les détails ne sont pas connus - car c'est la première fois que le géant d'Asie, devenu l'un des plus gros prêteurs au monde, se rallie à une solution FMI- Club de Paris .
Le Fonds a aussi exigé que des discussions de bonne foi soient menées avec les négociants de pétrole, Trafigura et Glencore, dans l'idée de conclure un accord pour alléger la dette du Congo.
Dans le communiqué du 11 juillet, le Fonds ne dit pas un mot sur Commisimpex, une société de BTP qui détient une créance de 1,2 milliard de dollars sur le Congo - soit 15% du PIB. Ce créancier qui a gagné contre le gouvernement congolais devant deux tribunaux et n'a pourtant jamais réussi à se faire payer a écrit le 5 juillet à David Lipton, à Washington. Il lui a demandé de comptabiliser cette dette et pas uniquement celles dues aux Chinois et négociants pétroliers dans le calcul des engagements du Congo. L'espoir de faire entrer le dossier Commisimpex dans les discussions officielles semble donc s'être de nouveau envolé. La société de BTP continuera vraisemblablement à essayer de saisir des biens et fonds du Congo... jusque chez Total, l'un des principaux opérateurs pétroliers du pays.
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