Mercredi 26 juin , bloquée en mer depuis 14 jours avec des personnes qu'elles a sauvées , une jeune capitaine du navire humanitaire Sea Watch 3 battant parvillon néerlandais a décidé de forcer le blocus italien.
"J'ai décidé d'entrer dans le port de Lampedusa. Je sais ce que je risque, mais les 42 naufragés à bord sont épuisés. Je les emmène en lieu sûr", avait déclaré sur Twitter Carola Rackete
Matteo Salvini a rugi dans une vidéo sur Facebook : "Personne ne débarque à moins que quelqu'un ne s'occupe de les emmener à Amsterdam, à Berlin ou à Bruxelles. J'en ai plein le cul ! ["Mi sono rotto le palle che l'Italia sia trattata dagli organismi internazionali e da alcuni Stati come un Paese di serie B", soit littéralement en français : "Ça me casse les c*** que l'Italie soit traitée par les organismes internationaux et par certains États comme un pays de deuxième division"]"
Jeudi 27 , le navire était toujours en face du port de Lampedusa . Le collectif de Dockers de Gênes (Collettivo Autonomo Lavoratori Portuali) a réagi sur sa page facebook
" Un navire avec 42 êtres humains à bord a attendu deux semaines au large des côtes de Lampedusa. Ce sont des gens qui fuient la guerre, la misère, la captivité. Les responsables de ces guerres et de la misère siègent au Parlement Européen et dans les bureaux de direction italiens et européens. Les mêmes personnes qui, de Rome à Strasbourg, ont pris la responsabilité de les laisser tomber.
Nous ne sommes pas des héros, pas des politicien-ne-s. Certain-e-s nous ont appelés "fauteurs de troubles". Nous sommes de simples travailleur-euse-s dans le port de Gênes, mais précisément parce que nous sommes travailleur-euse-s, nous ne pouvons que nous reconnaître dans les valeurs fondatrices de la classe ouvrière: la fraternité entre les êtres humains, la solidarité internationale.
Comme chacun le sait, ces hommes et ces femmes en fuite et en quête d'espoir finiront, en Italie comme ailleurs, à faire le travail le plus exploité et le moins bien payé, pourchassés, enrichissant ceux-là mêmes qui crient: on ne veut pas de toi et retourne dans ton pays.
Eh bien, ils viennent ici parce que nos gouvernements ont détruit leurs pays.
Nous pensons que si Sea Watch 3 force le blocus que le gouvernement veut maintenir, il devrait trouver une solidarité réelle et active ainsi que toute la force que les travailleur-euse-s et les anti-racistes pourront développer.
En ce qui nous concerne, le Sea Watch 3 peut se diriger vers notre port, ils sont les bienvenus ici. Nous pouvons bloquer les ports, mais nous pouvons aussi les ouvrir.
Au cours des dernières semaines, nous avons bloqué à deux reprises, pas seul, le chargement d'une entreprise - la société Bahri - spécialisée dans le trafic d'armes, nous sommes descendus dans la rue pour "expliquer" aux fascistes et à ceux qui les protègent que dans notre ville n'avoir aucun espoir.
Alors que le 30 juin arrive et que Salvini envisage de revenir à Gênes, nous ne pouvons que rappeler à tout le monde, et tout d’abord à nous-mêmes, que la lutte est un autre point fort de la tradition de la classe ouvrière. Nous savons bloquer les ports, nous pouvons le faire à nouveau.
Contre le racisme de l'Etat et de la forteresse Europe . Ports fermés aux guerres. Ports fermés au racisme . "
© Rédaction Libre Magazine
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