Quand elle a adopté la loi de "pénalisation des clients " de sexe , en avril 2016 , la France espérait rendre la pratique de la prostitution plus difficile et freiner le métier . Quelques années plus tard , le bilan est mitigé . Dans les rues parisiennes , des personnes continuent de proposer des services sexuels . Notre rédaction a fait le tour de quelques endroits , où règne encore le flou .
A la sortie de la station métro Marx Dormoy , à quelques kilomètres des hôtels , sont arrêtées des prostituées , qui racolent des passants . Ici , pour consommer , les clients doivent dépenser au moins 50 euros : 30 euros pour le prix d'hôtel et 20 euros pour un passage .
" C'est vingt euros pour moi . Et 30 euros pour hôtel " , déclare une prostituée .
Pour consommer pendant toute une nuit , les clients doivent payer au moins 150 euros . Une fois ces billets alignés , ils peuvent se servir à volonté . " Si vous me donner 150 euros , on peut passer la nuit ensemble chez vous à la maison ou à l'hôtel " , nous informe une prostituée de la même place .
Au quartier château rouge , à côté d'autres produits importés , on retrouve du sexe . Des femmes en proposent dans presque tout le marché et à tout moment . Le prix varie selon les formules . " Le parquet est à 20 euros ( Un passage dans un parking , derrière une poubelle ou au rez-de-chaussée d'un immeuble ou dans une chambre commune appartenant à des proxénètes ). Pour emporter , il faut payer 150 euros " , indique une professionnelle du sexe .
A Strasbourg Saint Denis , à quelques mètres de la station métro , des prostituées sont collées au mur , elles marchent des chewing-gum en racolant des passants . Les prix varient selon les prestataires de service dans le quartier . " Moi , je ne gère pas avec les clients en dessous de 30 euros . Je ne suis à 30 euros près . Je travaille dans la journée . Pour moi , le passage est à 50 euros ou rien . Ma collègue d'en face faire à 20 euros . Mais , les prestations ne sont pas les mêmes " , affirme une prostituée .
Juste devant , non loin de la discothèque "Le Globo" , se trouvent d'autres bordels . Ici , les tarifs varient selon les apparences physiques des femmes . Celles qui ont une apparence jeune , proposent des services sans contact sexuel à 20 euros et avec contact sexuel à 30 euros dans des jardins , parkings , ... Quant aux femmes à l'apparence "vieille" , elles proposent des services sexuels complets à partir de 10 euros . " Pour 10 euros , vous pouvez faire tout ce que vous voulez . C'est dans le garage d'un immeuble " , a indiqué une bordel de la place .
A la station magenta gare du nord , des hommes proposent des "expériences érotiques entre hommes " à partir de 50 euros .
Même si on retrouve des français de "souche" dans ces lieux , la majorité des prostituées sont d'origines étrangères . " Elles font ce travail pour pouvoir subvenir à leurs besoins quotidiens . La majorité n'a ni logement ni autorisation de travail . C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elles préfèrent les passages à l'hôtel qui leur permettent à la fois d'avoir de l'argent pour la nourriture et de passer des nuits au chaud . C'est triste . Mais , on n'y peut rien " , fustige un habitant de l'un des quartiers de bordels .
Marina , une demandeuse d'asile nigériane , est obligée de se prostituer pour pouvoir survivre en France . Passée par l'Italie , la France lui demande d'y retourner pour sa demande d'asile . Cependant , elle ne veut plus aller dans ce pays , où elle a été soumise à la prostitution pendant plus de 2 ans . " J'ai fui l'Italie pour venir en France . Ici , j'étais sur dublin . Après , les autorités françaises voulais me transférer. Mais , j'ai fait un recours . J'attends donc le résultat . Pendant , ce temps , je me débrouille ici pour manger . Il n'y a pas assez de clients et le marché est saturé car nous sommes nombreuses . Cependant , nous sommes là . Ce n'est pas du tout facile de faire ça , surtout quand on n'a pas de papier . Tout le monde vient ici : des voleurs , des criminels , des hommes propres , des hommes sales , des soûlards , des toxicomanes , des psychopathes , ... Vous mêmes vous voyez le quartier . Nous partageons nos revenus souvent avec ceux qui nous protègent ici . Ce travail n'est pas facile . Je compte arrêter dès que j'aurai d'autres opportunités " , témoigne Marina .
En France , si l'exercice de la prostitution et le racolage sont permis , l'achat de services sexuels est illégal et réprimé depuis la loi du 13 avril 2016 . Cette loi prévoit en effet des sanctions pour les clients ( pénalisation des clients) , afin de les dissuader . Mais , son efficacité reste encore à prouver car " elle ne s'attaque pas aux causes réelles de la prostitution " , estime un étudiant .
Rédaction Libre magazine
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