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Alpha Blondy : De la déception à l'ascension




Seydou Koné, alias Alpha Blondy, est un chanteur de reggae ivoirien né le 1er janvier 1953 à Dimbokro.


Seydou Koné naît à Dimbokro en 1953 d'une famille de neuf enfants. Élevé par sa grand-mère, l'enfant connaît des années heureuses : portant le même prénom que le grand-père décédé, il est le « petit mari » de l'aïeule qui le cajole. Élevé parmi des femmes âgées, il en apprend notamment de nombreuses expressions dioula recherchées. Une règle importe qui marquera l'enfant pour toute sa vie : il faut « parler droit », ne pas mentir, quelles que puissent en être les conséquences.


En 1962, il retrouve sa mère à Korhogo ; celle-ci l'emmène à Odienné où son mari travaille pour la Compagnie française de Côte d'Ivoire, la CFCI. Seydou Koné passe dix ans à Odienné, où en 1972, il préside la section locale du Mouvement des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (MEECI). On l'appelle Elvis Blondy. La même année, il part pour la classe de seconde au lycée normal de Korhogo. Élève inscrit à l'internat, l'adolescent forme un groupe avec ses copains Price (guitare), Pop Touré (batterie) et Diallo Salia (basse) : les Atomic Vibrations jouent en matinée les week-ends, pour les beaux yeux des jeunes filles du couvent Sainte-Élisabeth voisin...


Désireux d'apprendre l'anglais, il convainc sa mère de le laisser partir, en auto-stop, pour le Liberia voisin. En 1973, Seydou Koné est à Monrovia. Il y reste treize mois, prenant des cours pour maîtriser la langue de Shakespeare et donnant des leçons de français.


Mais le jeune homme veut aller plus loin. Il rentre en Côte d'Ivoire avec l'idée de partir aux États-Unis perfectionner son anglais, aller à l'université, faire de la musique et créer un groupe. À l'époque, il a en effet déjà écrit maintes chansons. Come Back Jesus, par exemple, a été écrite au Liberia (le titre sera publié en 1985 sur l'album Apartheid Is Nazism).


C'est en 1976 que le rêve devient réalité : Blondy (c'est ainsi qu'il signe les lettres envoyées aux amis restés au pays, surnom qui existe depuis le collège à Odienné) débarque à New York.


Il s'inscrit dans une première école, la Geneva School of business, où il suit pendant trois mois des leçons d'anglais commercial. Puis il use les bancs du Hunter College pour prendre des cours de langue accélérés et passer avec succès le test qui lui permet enfin de s'inscrire à l'American Language Program de l'université Columbia.


Pendant deux ans, le jeune ivoirien suit ce programme destiné aux étudiants étrangers. En même temps, souvent de nuit, forcément, il enchaîne les emplois alimentaires - il est notamment coursier, à 5 dollars le pli porté. À ce rythme, il tombe bientôt malade. Alors qu'un médecin lui conseille de se reposer, un ami ivoirien, Oullaï Joachim, lui suggère de venir le rejoindre à Waco , au Texas. Seydou arrête les cours et quitte New York, son climat qui peut être si froid et son rythme infernal.


À Waco, le compatriote l'aide à trouver du travail : c'est l'usine de dindons Plantation Food, puis celle de poulets. Mais les abattoirs, cela ne correspond pas si bien que ça au jeune homme qui, à New York, comme la plupart des Africains, évoluait dans les milieux caribéens et notamment jamaïcains : toute la période new-yorkaise a en effet été celle d'une approche de la philosophie rasta, illustrée par le concert donné par Burning Spear en 1976 à Central Park, dont Alpha parle encore aujourd'hui comme d'une date majeure, et en quelque sorte, emblématique.


Après les volailles, donc, le jeune Blondy trouve un emploi chez le plus grand distributeur de musiques chrétiennes du monde. Pour sa part, il continue d'écrire ses titres.


Une rencontre lui donne beaucoup d'espoir : celle du Jamaïcain Clive Hunt, qui lui présente The Sylvesters, un groupe formé par une famille de dominicains qui joue régulièrement dans les petites salles de l'État de New-York. Espérant enfin réussir, Blondy quitte le Texas et commence à se produire en première partie des Sylvesters. Il chante ses propres compositions, dont Burn Down the Apartheid, Bory Samory (publié en 1984 sur Cocody Rock) ou War, de Bob Marley, en français (publié en 1994 sur Dieu)…


Mais le plus grand espoir du jeune homme repose sur les huit chansons enregistrées, sous la houlette de Clive Hunt, au studio Eagle Sound à Brooklyn. À l'époque, Clive Hunt a déjà réalisé le 1er album des Abyssinians, travaillé avec Max Romeo et enregistré un album sous le pseudonyme de Lizzard (dont une chanson, Milk and Honey, a été reprise par Dennis Brown). Le disque ne voit jamais le jour : le réalisateur ayant des difficultés financières, il a, dit-on à Blondy, quitté New York pour Londres.


Déjà quatre ans passés aux États-Unis, sans résultat vraiment palpable : en 1980, Blondy décide de rentrer en Côte d'Ivoire. Peu glorieux, le retour est douloureux. Le rêve américain a tourné au cauchemar.


De retour à Abidjan, Blondy habite chez des amis. Il se met à répéter avec des musiciens ghanéens au ghetto d'Adjamé, au Bracodi Bar. Désormais, il se fait appeler Alpha, qu'il a ajouté à Blondy en signe d'espoir d'une nouvelle vie, d'un commencement.


En 1981, Roger Fulgence Kassy lui propose de passer dans l'émission qu'il présente à la télévision ivoirienne (la RTI), Première chance. Les deux hommes se connaissent de longue date. Adolescents, ils se retrouvaient en effet à Abidjan pendant les grandes vacances, au quartier Ebrié, chacun chez son oncle (les deux oncles travaillaient à la présidence) ; ils ont passé le BEPC la même année.


Avant le départ au Liberia, en 1973, c'est d'ailleurs ensemble qu'ils se présentent au concours d'entrée à la RTI. Fulgence réussit, et entre au studio-école de la télévision ivoirienne. Quand Blondy revient des États-Unis, Fulgence fait partie de l'équipe du studio 302, dirigée par George Benson (producteur et animateur ivoirien. À ne pas confondre avec le guitariste américain). En 1981 donc, Ful, comme l'appelle Alpha, lui propose Première chance. Pour le chanteur qui a bientôt trente ans, c'est plutôt la dernière chance…


Il interprète quatre chansons : Christopher Colombus de Burning Spear, et trois de ses compositions, Bintou Were Were, Dounougnan et The End. « Tu verras, demain, ta vie va changer », avait prévenu Fulgence. Effectivement : devant l'engouement suscité par le passage à la télévision, Georges Benson propose au chanteur de produire son premier album. Ce sera Jah Glory, qui sort fin 1982, début 1983 sur le label africain Syllart Records du producteur Ibrahima Sylla. C'est, au grand regret de Seydou Koné, trop tard pour faire partager sa joie à sa grand-mère chérie.


Sur l'album, un titre que Benson hésite à mettre : Brigadier Sabari. La chanson (dont l'intitulé peut se traduire par la supplication « Brigadier, pitié ! ») dénonce les violences dont la police est coutumière. Le titre fait un tabac en Côte d'Ivoire et dans toute la région. Elle le fait connaître en Europe .


Il accompagne jusqu'à aujourd'hui la riche carrière d'Alpha Blondy, qui compte plus de quinze albums et un nombre incalculable de concerts.


Avec son groupe le Solar System, l'artiste se produit en effet aux quatre coins de la planète, portant haut les couleurs de l'Afrique et de son pays, la Côte d'Ivoire.


Alpha Blondy chante au sein du Collectif Paris Africa (avec la participation de 60 artistes) sur le morceau Des ricochets au profit de l'action de l'UNICEF pour les enfants de la Corne de l'Afrique (2011).


En 2014, il chante On n'oublie pas (écrit par Serge Bilé) avec plusieurs artistes et personnalités dont Jocelyne Béroard, Tanya Saint-Val, Harry Roselmack, Admiral T, Jean-Marie Ragald et Chris Combette. Cette chanson est un hommage aux 152 victimes martiniquaises du crash du 16 août 2005, afin de ne pas oublier cet évènement et d'aider l'AVCA (Association des Victimes de la Catastrophe Aérienne) à récolter des fonds.


Le 14 février 2015, il inaugure sa radio FM à Abidjan : Radio Alpha Blondy FM 97.9



Source : Wikipédia

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