"Des hommes en Europe ont aidé , ont obligé la révolution française , qui était bourgeoise , à se déplacer elle - même . Mais , croyez-vous qu'il aurait eu une libération des esclaves s'il n'y avait pas eu des hommes comme Toussaint Louverture ( Un esclave affranchi né en 1743. Il devient premier général noir gouverneur de l'île de Saint - Domingue . Stratège , penseur et théoricien de l'émancipation , il meurt en 1803 dans les prisons de Napoléon qui détestait le consul noir . ) , s'il n'y avait pas eu des hommes comme Dessalines ( Jean - Jacques Dessalines est un esclave affranchi né en 1758 . Lieutenant de Toussaint Louverture , il proclame l’indépendance d'Haiti et devient l’empereur en 1804 .
Il fut assassiné par Christophe et Pétion en 1806 ) , s'il n'avait pas eu de lutte acharnée des nègres d’Haïti ?
Haïti , c'est un pays qui ne provoquait que le rire , le sarcasme ou le mépris . Même à la Martinique , on retrouvait trace de cette attitude à l'égard d’Haïti .
J'ai été un des premiers Martiniquais à rendre justice à Haïti car nous ne pouvons pas oublier notre dette envers elle .
La liberté , l'abolition de l'esclavage , 1848 , rien de cela n'eut été possible s'il n'y avait pas eu la résistance d’Haïti , la révolte d’Haïti et finalement la victoire d’Haïti .
Nous devons notre liberté à un peuple qui s'est battu non seulement pour lui-même , mais pour toutes les Antilles , et peut-être pour tout le continent sud - américain .
Une partie des malheurs d’Haïti provient du fait qu'il y a eu une division extrêmement grave dans le peuple haïtien . Haïti ne s'est jamais entièrement remise de cette lutte qui est une lutte de classes , mais qui est devenue aussi une lutte de races , la fameuse querelle entre les mulâtres et les nègres . C'est extrêmement grave , je crois que c'est le péché fondamental de la société antillaise : une élite très brillante qui considère qu'elle n'a aucun rapport avec un peuple qui a été le peuple des esclaves .
Jusqu'à présent cette division n'a jamais été transcendée en Haïti et c'est certainement un des handicaps les plus sérieux de la société haïtienne dans une perspective démocratique . Une élite très brillante , le plus souvent francophone , souvent élevée à la française , à l’américaine ou élevée dans les collèges suisses ou allemands , et un peuple analphabète enfermé dans le créole et le vaudou ."
Source : Une parole pour le XXIe siècle par Euzhan Palcy
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